08 Août
Ce matin la carte postale que nos avons devant les yeux est nettement plus belle qu’hier au soir.
Nous espérons, à tord d’ailleurs, que le ciel devenait bleu et que les nuages allaient se dissiper mais la pluie tambourine à nouveau.
Nos Héraultais prennent le poste de pilotage, nous n’avons plus qu’à suivre. C’est super.
Le Fjord est cerné de montagnes boisées qui plongent directement dans l’eau, les cimes parfois encore enneigées sont dans la brune. Malgré tout l’on peut apercevoir de nombreuses cascades qui rebondissent gaiement et disparaissent ensuite dans les eaux du Romsdalsfjord.
La pluie cesse, quelques rayons de soleil osent se faufiler dans la brume qui parfois s’effiloche dans la vallée.
La route 63 nous mène à l’échelle des trolls, la Trollstigen, un itinéraire à couper le souffle, dans une contrée sauvage. Au cœur de la vallée du Romsdalen, taillée dans le roc, en 11 virages en épingle à cheveux, avec une pente entre 10 et 12%, elle s’élance à l’assaut de la paroi rocheuse pour nous faire vivre une expérience vertigineuse, époustouflante, captivante, effrayante et encore plus « trollesque » lorsque la brume apparait.
Chaque virage porte un nom, sans doute évocateur tel le Bispesvingen (l’évêque). De multiples cascades rebondissent dont la Stilffossen qui se jette dans le vide du haut des 180m dans un tourbillon d’écume, illuminent les imposantes montagnes qui l’entourent.
Une telle impression laisse imaginer l’intimité dans laquelle les habitants de la région vivaient avec les trolls, ces génies à la morale très personnelle ou malveillante qui hantaient ces montagnes.
Au sommet sur le plateau, à 852m d’altitude on peut se garer facilement, une plateforme panoramique nous permettra d’admirer la vallée,
les aiguilles qui se dressent dans le ciel, les cascades vu du haut ainsi que les virages que nous venons d’emprunter. Fantastique panorama que l’on ne se lasse pas de regarder. Boutique souvenir bien entendu, sans doute le piège à touristes, nous y rencontrerons un Rennais qui tient la caisse.
Repas de midi sur place.
Nous nous élevons encore un peu avant d’amorcer la redescente dans un amphithéâtre de montagnes aux cimes enneigées, à végétation rase, de lacs et de cascades qui rebondissent. Le torrent fougueux roule des eaux cristallines puis s’assagit et prend ses aises avant de mourir dans le fjord.
Le ramassage des fraises bat son plein, nous en achèterons, elles sont un peu chère mais très belles, demain je vous dirais si elles sont bonnes….D’ailleurs la route 63 est bordée aussi de nombreux arbres fruitiers.
Traversée du Nordallsfjord de Linge à Eidsdal, en 15’. Durant l’attente des petites filles vendent des cerises.
Nous retrouvons la 63 et poursuivons tranquillement par la route des aigles, Ornevegen, un grand virage serré permet d’avoir une vue plongeante sur la petite ville Geiranger et sur la courbe harmonieuse du splendide et étroit Geirangerfjord aux eaux sombres entouré d’une nature encore vierge, la cascade des trois sœurs se précipite du haut de la paroi rocheuse comme un voile d’eau impétueux.
En 8kms nous passons de l’altitude 620 au niveau de la mer. Nos chauffeurs sont vigilants car les freins sont mis à rude épreuve, toute montée est escarpée en épingle à cheveux mais se solde ensuite inévitablement par une descente de même nature.
Stationner dans le village est chose difficile nous amorcerons la montée, du parking supérieur nous pourrons encore admirer ce petit coin de paradis sous un autre angle et voir encore des cascades bouillonnantes se précipiter dans le fjord.
Nous prenons rapidement de l’altitude en de nombreux virages plus ou moins serrés pour atteindre 1030m. Nous évoluons alors dans un paysage alpestre rude que nous retrouvons chez nous entre 2000 et 2500m, des grands lacs bleu marine, des rochers dénudés, de nombreux névés et une herbe rase. Le temps est si maussade que nous occulterons la route Dalsnibba où du haut de ses 1496m la vue est imprenable et grandiose.
Ce soir avons du mal à trouver un bivouac, sur les parkings, les panneaux nous demandent de respecter la nature, ce n’est pas un problème mais d’aller en camping si nous désirons passer la nuit, nous continuons donc jusqu’à Stryn où nous squatterons sur le parking Rema 1000.
La pluie poursuit son bonhomme de chemin, mais espérons qu’elle cessera de tomber demain.
09 Août
Hélas le temps n’a pas changé…. Une pluie fine persiste et la brume rejoint presque l’Innvikfjord... Poursuivons notre route incertaine….Irons-nous à Briskdal ?
Arrivés vers l’embranchement la décision devient cornélienne…. Nous tentons donc l’impossible à deux camping-cars, Barbel et Jack, l’ayant vu deux fois, préfèrent nous attendre. Le temps se maintient, la brume se cantonne à la cime des sommets.
La petite route étroite se tortille au bord du lac de Floen encadré de versant montagneux boisés et pentus d’où dévalent de nombreuses cascades.
De loin apercevons des glaciers suspendus, hélas ils ne brillent pas, ce jour, mais leur glace bleutée surplombe l’étroite vallée lui conférant un petit air magique.
C’est le Jostedalsbreen ou tout au moins un des ses cinquante bras, d’une superficie de 487km2, le plus grand du continent européen.
Arrêt sur un des parkings prévu à cet effet et courageusement décidons de monter au pied du Briksdalsbreen, laissant aux plus fragiles l’opportunité de monter dans les voiturettes électriques. Nous longeons un torrent où l’eau dévale puissante, rugissante,indomptée, dans sa robe bleu glacier.
Le paysage, malgré le manque de soleil, est magnifique et nous sommes toujours surpris par le gigantisme et le nombre des cascades qui bondissent de toute part. Et nous pensons alors à nos amis Marocains qui manquent d’eau… la répartition est bien mal faite.
Une belle cascade tumultueuse nous arrose généreusement au passage.
A la fin de la marche on se faufile entre d’énormes rochers, le spectacle est grandiose. La vue de cette énorme langue glaciaire bleue, qui descend de 1770m d’altitude en seulement 346m, entaillée par de petites crevasses, est époustouflante.
On reste admiratif devant ce spectacle naturel, du bout du monde, le torrent en contrebas transporte des petits morceaux de glaces. Bout du monde, hélas très fréquenté, des bus amènent un flot incessant de touristes de toutes nationalités.
Un beau glacier suspendu attire aussi notre attention.
Blanc, gris et surtout bleu, ce glacier, comme tant d’autre, est menacé par le réchauffement climatique, d’ailleurs des panneaux indiquent les anciennes positions et l’on se rend vraiment compte que le recul est très important.
La descente est un peu plus rapide, arrivé au parking on déjeune avant de reprendre la route pour retrouver nos amis à Innvik.
La pluie est à nouveau là, fidèle et tenace, elle ne nous lâche plus… Nous pourrons apercevoir un autre bras le Boyabreen, plus sale et moins impressionnant.
Nous devions visiter l’église en bois debout d’Utnes , mais le ferry a arrêté sa rotation, nous verrons donc demain, mais impossible de rester au quai ou à Solvom, les ‘no camping’ fleurissent. Nous stationnerons donc sur un parking en bordure de la 55 avant Gnaupe.